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    "Upside Down" : l'équipe au micro !

    Cette semaine dans les salles, Jim Sturgess et Kirsten Dunst se mettent la tête à l'envers pour les besoins de "Upside Down". Un projet au long cours et pas comme les autres dont les acteurs nous parlent, en compagnie du réalisateur Juan Solanas.

    6 questions à... Jim Sturgess et Kirsten Dunst

    La dernière fois qu'on les a vus sur grand écran, le premier incarnait six personnages dans Cloud Atlas, tandis que l'autre voyait un enterrement de vie de jeune fille partir en vrille dans Bachelorette. Autant dire que Jim Sturgess était plus enclin à intégrer l'univers d'Upside Down, même si Kirsten Dunst n'a pas eu plus de mal que ça.

    Allociné : Quelle a été votre première réaction face au scénario ?

    Kirsten Dunst : Je ne savais pas à quoi le tout allait ressembler, mais j'ai trouvé que c'était un joli conte de fées. Puis, quand j'ai rencontré Juan [Solanas, ndlr] et que j'ai vu son court métrage, L'Homme sans tête, j'étais vraiment impressionnée. C'est une petite histoire poétique, si belle et romantique, et j'adore la façon dont ses effets sont exécutés. J'ai ensuite appris que l'histoire d'Upside Down lui était venue dans un rêve, et j'ai senti que la combinaison de tout ceci allait donner naissance à un grand film. Il y a quelque chose de magique à propos de Juan, c'est un réalisateur visionnaire. Voilà pourquoi j'ai eu envie de faire partie du projet.

    Jim Sturgess : Moi ma première réaction a été la confusion. Mais dans un sens positif, car je voulais en savoir plus sur le monde qu'il comptait créer. Quand vous n'avez à faire qu'à des mots, vous ne pouvez pas savoir à quoi cela va ressembler visuellement, et le film repose en grande partie sur le look de ces deux mondes. Donc oui, j'étais intrigué et j'en voulais plus. Mais il est arrivé la même chose quand j'ai rencontré Juan, qui est un vrai personnage.

    Parlez-nous un peu de ce baiser à l'envers, très "Spider-Man", dans le film.

    Kirsten Dunst : Ça c'est vraiment la question du jour ! Mais ça n'était pas vraiment comme dans Spider-Man car ça n'était pas à l'envers. J'étais allongée vers le bas contre un morceau de rocher qui était censé être au-dessus de moi. Et Jim était juste en-dessous donc nous étions face-à-face et pas vraiment à l'envers.

    Quelle a été la scène la plus difficile pour vous ?

    Jim Sturgess : Pour moi c'était celle où je bascule dans le monde du dessus pour la première fois, car la façon de tourner était peu évidente. La pièce était montée sur une roue, au milieu du studio, et elle s'est mise à tourner à 180 degrés donc je me suis senti comme perdu. Et il m'a fallu basculer pour atterir sur mes pieds de l'autre côté. Du coup je suis plutôt fier de moi, et je suis content qu'il l'ait gardée dans le film, car j'ai souvent atterri sur ma tête dans les autres prises.

    Pensez-vous que le film critique l'obsession de notre société autour de la vieillesse ? Peut-on le voir comme une métaphore de cette obsession ?

    Kirsten Dunst : Bien sûr, et ça n'est même pas une métaphore ! C'est ce que Juan a inventé pour le monde du dessus. J'adore toutes ces scènes où les visages des femmes deviennent complètement dingues, surtout qu'elles sont en fait très jeunes. C'est un super commentaire inséré dans un conte de fées.

    Le film évoque aussi les différentes couches et structures de la société.

    Jim Sturgess : Oui, il y a un vrai commentaire sur les différences de classes dans le film, qui renvoie à la réalité de Juan. Il est issu d'un pays du Tiers-Monde, l'Argentine, et vit maintenant dans un endroit plus chic : la France. En Angleterre aussi nous avons cette structure de classes, plus que dans les autres pays du monde d'ailleurs, donc ça me semblait réaliste de voir ce monde du dessous exploité par celui du dessus, de plus en plus prospère, ce qui fait que les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres.

    Pensez-vous que la même chose se produit dans l'industrie du cinéma, avec l'écart entre les petits films indépendants et les gros blockbusters des studios ?

    Kirsten Dunst : Ce qu'il y a d'étrange avec les films indépendants, c'est qu'ils ont maintenant une meilleure exposition grâce à des plate-formes telles qu'iTunes ou Netflix. Moi ça me permet de découvrir des documentaires et films à côté desquels j'étais passée au milieu des nouveautés. Entre les mains d'un studio, Upside Down serait devenu une grosse machine, un film fantastique familial, que j'emmènerais mes enfants voir si j'en avais. Du coup c'est dommage qu'aucun studio ne se soit pas emparé d'un tel film car il est plus difficile de le promouvoir. Mais j'espère que le bouche-à-oreille va faire son œuvre et inciter les gens à venir le voir, pour qu'il prenne de plus en plus d'ampleur. Je maintiens quand même que c'est un long métrage avec lequel un studio aurait pu faire beaucoup.

    6 questions à… Juan Solanas

    "Et dire que je ne parlais pas le moindre mot d'anglais il y a deux ans", nous explique le réalisateur. Il faut croire que celui-ci s'est bien rattrapé pour nous parler d'Upside Down, dans lequel l'Argentin a placé de l'espagnol et un peu de tango, entre autres choses personnelles…

    Les films hollywoodiens manquent un peu d'originalité aujourd'hui, ce qui n'est pas le cas du vôtre. Quelle a été la réaction quand vous avez commencé à pitcher ce projet ?

    Juan Solanas : Les premières ont été celles de mes amis. Certains étaient perplexes car ils disaient "Oh c'est super cool et incroyable" mais voulaient pas le faire. De mon côté je n'étais pas sûr que le film verrait le jour mais j'étais… Quand vous avez une idée, c'est comme être père : on veut que quelque chose arrive, et puis on voit de quelle façon ça se produit.

    Comment avez-vous fait pour que tout reste en ordre ? Aviez-vous des gens pour vous dire où chaque personnage devait regarder pendant une prise ?

    Vous savez, je suis celui qui a visualisé le tout il y a plus de sept ans, donc il m'a fallu en discuter avec les techniciens. Bien souvent, je leur disais ce que j'avais en tête et des discussions complètement dingues, autour de l'orientation du regard, en ont découlé. Mais il n'y a pas eu d'erreur au final car nous avons développé une technologie pour le film, qui nous permettait de visualiser le résultat en temps réel pendant que nous tournions. Mais nous n'avions que 54 jours de prises de vues donc pas le temps de doubler les prises au millimètre. Je devais prendre des décisions sur le moment.

    En parlant de décision et d'idée : celle du baiser vous est-elle venue après avoir vu "Spider-Man" ?

    Pas du tout, surtout qu'il n'est pas vraiment à l'envers. Ma plus grande priorité était d'offrir aux acteurs le plus de réalité possible, donc une grande partie de mon travail consistait de le mettre dans la meilleure position pour qu'ils puissent jouer au mieux. Nous avons beaucoup réfléchi à ce baiser mais jamais parlé de Spider-Man entre nous, surtout que c'est le genre de film qu'on ne peut pas baser sur des références. Le but était de trouver comment le réaliser pour que les acteurs se sentent confortables. Au final nous avons trouvé un moyen pour que Kirsten ait une circulation sanguine normale afin qu'elle et Jim s'embrassent normalement.

    Et qu'en est-il de cette utilisation d'une Falcon, utilisée pendant la dictature ? Pour un Argentin c'est forcément un geste conscient.

    Bien sûr, et plus que le chef décorateur ne le pensait. Il n'a pas voulu me le dire mais ça a été très compliqué de faire venir une Falcon datant des années 70 au Canada, car nous n'en trouvions pas. Ma famille et moi nous sommes exilés en 1976, car mon père était sur la première liste des gens à abattre, et la voiture "officielle" de l'armée était une Ford Falcon verte, dans laquelle les prisonniers étaient emmenés. Mon équipe a fini par en trouver une rouge, et j'ai demandé à la faire peindre en vert. Je n'ai pas tout de suite su d'où cette idée m'était venue, mais ajouter une Ford Falcon dans mon film, connaissant mes origines, c'était ajouter une couche au discours du film.

    Il y a d'ailleurs d'autres métaphores dans le film, comme la société, le refus de vieillir…

    Oui, et c'est surtout parce que je hais la société, surtout quand les femmes deviennent des produits comme au marché. Mon frère dirige une énorme compagnie de retouche de photos, et aujourd'hui, une fillette peut avoir des complexes car elle ne correspond pas à ce qu'elle voit sur les magazines. Mais elle a tort car elle se compare à un corps non-humain, et elle complexe par rapport à un bon utilisateur de Photoshop. C'est débile et nous allons mourir de cette bêtise.

    J'allais justement vous demander ce que vous vouliez dire d'autre à travers ce film.

    Je suis un grand dévoreur d'actualités, car c'est la réalité. Je suis également père donc je veux essayer de contribuer autant que je le peux à rendre cette réalité meilleure. Et le but de cette histoire, c'est de montrer comment on peut être ensemble. En se respectant, on devient plus que la somme de nos différences respectives. Mais le film est ironique envers lui-même, et il n'y est pas question de science-fiction technologique. Vous remarquerez d'ailleurs que j'ai pris soin de ne pas ymettre de téléphones portables, et c'est un beau monde du coup.

    Propos recueillis par Emmanuel Itier à Los Angeles le 12 mars 2013 - Traduction : Maximilien Pierrette

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